Ce que je pense des IA (dans les domaines créatifs)

Depuis novembre dernier, on parle beaucoup des intelligences artificielles (IA) dans les domaines créatifs, en particulier pour la création d’illustrations. Sur mes réseaux sociaux, j’entends un son de cloche assez homogène à ce sujet : les IA, c’est beurk.

Pourquoi ? Parce que pour “apprendre”, les IA se basent sur de l’art créé par des artistes humain.e.s qui n’ont pas donné leur autorisation. Du point de vue de ces artistes, les IA dans leur forme actuelle se développent donc sur le vol de leur travail. Le débat s’oriente à présent vers “comment réglementer les IA pour qu’elles soient plus éthiques ?”.

Personnellement, je suis contre les IA dans les domaines créatifs, mais pas seulement pour des raisons d’éthique et de respect du travail des artistes humain.e.s.

Sous domaines créatifs, j’entends l’illustration, mais aussi l’écriture, la musique, la vidéo, etc. Parce que les illustrations créées par des IA, c’est vraiment juste le sommet de l’iceberg. Chatgpt est là pour écrire des textes, les deep fake imitent de mieux en mieux les voix de certain.e.s acteurices ou chanteurs.euses, les IA éditent des vidéos, et des centaines d’autres utilisations que je ne peux même pas m’imaginer arrivent.

Et je ne comprends pas pourquoi on veut ça.

Utiliser les technologies pour éliminer les tâches pénibles et répétitives est une chose. Utiliser les technologies pour court-circuiter le processus créatif ? Pour remplacer l’humain dans les films et la musique ? Pourquoi ?

Je lis qu’il faut utiliser les IA pour nourrir le processus créatif, qu’il faut les considérer comme des outils qui nous permettent de générer des idées, qu’il faut les considérer comme des alliées plutôt que des ennemies.

Je ne comprends quand même pas.

Si j’écris, c’est parce que j’aime ça. Parce que j’aime tout le processus, même quand je n’avance pas, même quand je relis pour la centième fois mon texte et qu’il me sort par les oreilles. Terminer un livre est une telle satisfaction parce que je sais que c’est mon travail créatif. Le processus créatif, ce n’est pas seulement le produit fini. C’est tout le chemin qui y mène et le développement humain qui va avec.

Mon point de vue est profondément sceptique, loin de l’optimisme avec lequel il faudrait accueillir ces développements technologiques. Ce n’est pas pour rien que j’écris de la dystopie.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’en tant que civilisation, ces IA nous rendent bêtes et encore plus dépendant.e.s de la technologie. Bientôt, on ne saura plus écrire sans aide. Ou jouer de la musique. Je grossis un peu (beaucoup ?) le trait, je sonne comme une boomer. Je sais. Pour certains sujets, je suis assez conservatrice.

Ces derniers jours, j’ai vu passer pas mal de pubs sur insta pour promouvoir l’utilisation des IA pour produire des livres. Une pub était littéralement « Convert ChatGPT content into E-books » (convertir du contenu ChatGPT en ebooks). Donc c’est quoi le but ? Demander à l’IA d’écrire un texte basé sur les infos trouvées en ligne, formater le tout et le vendre comme sa propre création, alors qu’il n’y a aucune idée nouvelle, juste une compilation de ce qui existe déjà, remixé par une IA ?

Je sais que quand les IA seront mainstream dans les domaines créatifs et correctement encadrées, je m’en servirais probablement, comme tout le monde. Parce que c’est vrai, malgré tout ce que j’ai écrit plus haut, l’idée d’obtenir une illustration ou un texte cohérent avec quelques mots clefs est très tentante. Et j’ai beau être conservatrice sur les bords, je n’aime pas être trop à la traîne technologiquement. Mais voilà mon avis aujourd’hui.

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